Les réfugiés chrétiens d'Istambul.

Ils seraient environ 6000 réfugiés irakiens Assyro chaldéens aujourd’hui à Istanbul. Considérés comme les premiers chrétiens, leur sort est souvent mal connu voire ignoré de la Communauté Internationale.
Plus ancienne communauté Catholique Apostolique, les Assyro-chaldéens parlent l’araméen, la langue de Jésus Christ. Leur histoire est vieille de près de 4000 ans mais les Assyro-chaldéens  n’ont plus de pays depuis des siècles. Vivant à cheval sur plusieurs pays d’Europe orientale (Turquie, Arménie, Géorgie) et du Proche-Orient (Liban, Irak, Syrie), ils subissent le sort des minorités souvent rejetées aux limites des frontières, sans pouvoir librement exprimer leur identité.
Fuyant les bombardements de Georges Bush et les massacres perpétués à leur encontre par les musulmans, ces irakiens arrivent à Istanbul dans l’espoir d’obtenir rapidement un visa pour l’Australie ou le Canada, leurs nouvelles terres d’accueil.
Pour être en règle, certains font une demande de «carte de réfugié » auprès du Haut Commissariat des réfugiés des Nations Unies leur autorisant une présence sur le territoire turc mais ne leur garantissant aucun droit. Sans autorisation de travailler ou même la possibilité de se soigner, leurs conditions de vie sont souvent des plus précaires et l’attente du visa, qui peut durer des mois voire des années, insupportable.
Beaucoup d’entre eux s’en remettent donc à Dieu.


L’Eglise, où ils se sentent complètement en sécurité, devient le lieu de rencontre et de partage. Messes, baptêmes, mariages rythment la vie de la communauté.
Mais pour beaucoup la messe dominicale à l’église Saint Antoine reste la seule occasion de sortir de chez soi. Le Père Francois Yakan, seul prêtre assyro-chaldéen de Turquie y officie en araméen.
Figure emblématique, François Yakan est le représentant turc des Assyro-chaldéens au niveau national et international. Devant l’immobilisme des autorités, il décide de créer une association, « Entraide aux Réfugiés en Turquie ». Seule association Assyro-chaldéenne légale et officielle en Turquie, vient d’ouvrir ses portes.
L’école Don Bosco, du nom du prêtre fondateur de la Communauté salésienne, accueille environ 250 enfants irakiens par an. Située dans un quartier sous protectorat du Vatican, elle leur permet de suivre un simili de scolarité. Les cours sont dispensés par des réfugiés irakiens improvisés professeurs. Les enfants y apprennent entre autres l’anglais et l’araméen. Beaucoup de vie dans cet endroit où ils peuvent se défouler à souhait.
Le Vatican a également mis à disposition des locaux pour l’association CARITAS qui accompagne les réfugiés dans leurs démarches administratives. Mais sans existence légale, son pouvoir est très limité.


Tous les jours de nouveaux réfugiés irakiens chrétiens arrivent à Istanbul. Le gouvernement turc les tolère mais ne leur donne aucun droit. Les plus jeunes et les plus robustes arrivent à trouver du travail au noir mais souvent payé une misère. L’idée de vivre de nouveau en terre musulmane leur est insupportable.
Aujourd’hui, la tendance est à la fermeture les frontières ou à l’immigration choisie, et le nombre des visas se restreint. Cette année uniquement 15 dossiers ont été acceptés. Les Assyro-chaldéens irakiens se sentent délaissés par la Communauté chrétienne internationale.
Que vont devenir ces familles qui ne peuvent apporter de valeur ajoutée à un pays d’accueil car peu instruites ou trop vieilles ?. La guerre en Irak n’a t elle pas été déclenchée par un fervent chrétien ?

Le Père François travaille, et avec l’arrivée du Pape à Istanbul en novembre prochain espère bien mettre au jour les conditions de ces fidèles chrétiens.

Emmanuel Blivet 2006.